40 industriels textiles argumentent devant les Députés pour une fabrication française sauvegardée

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Catherine Aubertin
Catherine Aubertin

40 industriels textiles argumentent devant les Députés pour une fabrication française sauvegardée

A l’initiative de Paul DE MONTCLOS, Président de France terre textile et Christophe NAEGELEN, Député des Vosges, une journée d’échanges avec les Députés a été organisée mercredi 10 octobre à l’Assemblée Nationale.
L’occasion pour les Députés de prendre conscience de la réalité d’une filière industrielle stratégique, et de mieux appréhender l’impact de leurs décisions sur le quotidien des entreprises textiles.

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C’est en substance ce qu’une quarantaine d’industriels textiles français sont venus soutenir devant les Députés ce mercredi 10 octobre dernier.

Réunis depuis plusieurs années autour du label France terre textile créé pour pallier les aberrations des règles du « made in France », quarante industriels ont demandé aux 15 Députés présents de prendre une part active au développement de la filière textile en France.

Les prises de paroles des représentants de la filière textile française :

Paul DE MONTCLOS revient sur les limites du « Made in France » :

« Nous ne sommes pas là pour revendiquer, mais pour vous parler de notre engagement et de notre label France terre textile » expose Paul DE MONTCLOS en préambule.
Ce rendez-vous privilégié entre producteurs textiles français et députés est une opportunité « de travailler main dans la main pour soutenir les fabricants français, les vrais ».
Paul DE MONTCLOS en profite pour mettre en lumière les paradoxes des règles du « made in France ». Une chemise confectionnée en France, à partir d’un tissu tissé et teint à l’étranger est considérée comme « made in France » alors qu’une chemise confectionnée à l’étranger mais dont le tissu est tissé et teint en France, ne le peut pas.
Il attire l’attention des Députés : « pour nous, toutes les étapes de production textiles sont aussi importantes les unes que les autres : nous sommes une filière, tous sur le même pied d’égalité. Si un maillon saute, c’est toute la filière qui est fragilisée.» Rappelons que le label garantit que + des 3/4 des opérations de production sont faites en France. Il favorise la production en circuit court et renforce les liens entre les acteurs de la filière.

Eric BOËL argumente en faveur d’une France industrielle : « le textile français doit se conjuguer au futur ! »

« C’est un secteur d’avenir, qui connaît une transformation incroyable. Le textile est déjà partout : à l’intérieur du corps avec les textiles médicaux, sur et sous les routes, dans l’agriculture, dans le prêt-à-porter, les circuits imprimés, les avions ». Il représente un poids considérable dans l’économie, avec près de 14 Milliards d’Euros de chiffres d’affaires.
Dans moins de 20 ans, le textile du futur sera connecté, customisé, créatif et durable. Or, la France est capable d’apporter une expertise sur chacun de ces points. Elle a de belles cartes à jouer avec une position de leader en Europe sur les Textiles à Usage Technique, une créativité mondialement reconnue, en pointe sur les innovations numériques et à l’avant-garde en matière de RSE grâce aux normes environnementales et sociales en vigueur en France.
« Le label nous permet de rendre visible une industrie qui ne l’est pas, de mettre en lumière nos savoir-faire et de créer du lien. Il importe désormais de relever ensemble ces défis créatifs, industriels, commerciaux, technologiques, internationaux, éthiques. » Pour cela, il faut que l’environnement législatif et le Gouvernement soient en faveur de l’industrie. La France doit être une terre d’industrie, une France terre textile !

Philippe LEFEBVRE témoigne : « l’intérêt retrouvé pour la production textile française entraîne des besoins en recrutement »

La filière textile fait face à des difficultés en matière d’emploi et de formation (pyramide des âges vieillissante, absence de formation pour remplacer les départs à la retraite, nouveaux métiers, transmission de savoir-faire…) et estime devoir renouveler près d’un tiers de ses effectifs à moyen terme.
Or, les entreprises se retrouvent face à une problématique d’attractivité de la filière (de l’industrie en général) et à une méconnaissance voire des a priori sur les métiers.
Face à ce déficit d’image et aux difficultés de recrutement, les entreprises textiles mettent en oeuvre des actions de terrain pour attirer les talents : visites d’entreprises, formation interne, travail sur la marque employeur et l’image de l’entreprise, diffusion des offres d’emploi sur de nouveaux canaux tels que les réseaux sociaux…

Benoît BASIER : « Stop au moins-disant et à la primauté du critère prix dans les appels d’offre publics ! »

C’est un cercle vicieux : l’Etat a besoin d’argent alors il réduit les budgets de fonctionnement de ses services. Le prix devient le critère premier de choix dans un appel d’offres. Et pourtant, lorsque l’offre sélectionnée n’émane pas d’un producteur textile français, la France se prive des retombées économiques directes de son achat. L’économie française se dégrade encore, et le critère du prix reste primordial. Et pourtant, parfois, le marché se négocie à quelques centimes d’euros !

Les producteurs textiles sont conscients des réglementations européennes en matière de non préférence nationale, mais il est possible d’intégrer des critères dans leurs appels d’offre permettant indirectement de donner la préférence nationale. « Pourquoi la France ne le fait-elle pas ? » demande Benoît BASIER qui milite en faveur d’une sensibilisation, par les Députés, des services de l’Etat : « Il existe des moyens pour aider les producteurs locaux : intégrer les critères du label dans un appel d’offre, ou des critères RSE, basés sur des bilans carbone et sociaux. Certaines collectivités locales le font, ce devrait être généralisé à tous les services de l’Etat » conclut Benoît BASIER.

Séverine CROUVEZIER : « ne vous trompez pas de cible, ce ne sont pas les producteurs textiles français qui polluent ! »

« En France, nous sommes soumis à des règles environnementales parmi les + exigeantes au monde » commence Séverine CROUVEZIER, « C’est bien, l’écologie est l’affaire de tous, et surtout des ennoblisseurs car nous utilisons des substances chimiques. Mais ce que mes confrères et moi regrettons c’est ce fameux 2 poids, 2 mesures. »
L’exemple des nonylphénols illustre le propos : en France, son utilisation est interdite car cette substance est répertoriée dans la catégorie des perturbateurs endocriniens. Par conséquent, les ennoblisseurs français ne peuvent se la procurer puisqu’elle est interdite à la vente. Mais en revanche, quotidiennement, ce sont des milliers de kilomètres de tissus ou d’articles confectionnés qui entrent en France, sur lesquels on peut potentiellement retrouver cette substance, car l’Europe autorise la présence d’une certaine quantité sur les textiles d’importation.

Séverine CROUVEZIER ajoute « on veut bien investir pour avoir les outils les moins polluants possibles, mais au final la terre est ronde ! Si les substances sont autorisées dans certains pays et pas dans tous, cela provoque une distorsion de concurrence en notre défaveur et on finit quand même par en retrouver dans nos eaux de rejets ».

Yves DUBIEF : « les impôts de production sont néfastes à la croissance industrielle du pays »

Le textile va mieux ; il représente en 2017 près de 14 milliards d’Euros dont 8,9 Milliards à l’export et 2000 emplois créés, cela ne s’était pas vu depuis 40 ans ! Néanmoins, le déficit commercial des produits manufacturés montre la faiblesse des entreprises en raison d’un manque de compétitivité.

Ce sont surtout les prélèvements obligatoires qui viennent ralentir la compétitivité des entreprises : + 20% depuis dix ans, à un rythme plus rapide que le PIB (+ 14%). Ces prélèvements représentent 27,9% de la valeur ajoutée pour les entreprises industrielles contre 24% pour les activités non industrielles.

Les impôts de production sont néfastes à la croissance industrielle du pays : les taxes de production en France sont en moyenne 3 fois plus importantes que dans les autres pays d’Europe.

Philibert VARENNE : « on fait notre part, à vous de faire la vôtre en vous engageant à nos côtés ! »

Philibert VARENNE rappelle que les producteurs textiles français se sont rassemblés sous l’étendard France terre textile pour partager une vision commune de ce qu’est la fabrication textile française. Des efforts en matière de communication interne ont été faits, les équipes sont plus que jamais impliquées. Il ajoute que chacun a un rôle mais celui des Députés se limite-t-il à proposer des amendements, voter des lois ? Les Députés sont des représentants de l’Etat, à ce titre, ils sont écoutés, reçus par les journalistes et sont en lien avec leur communauté. Et s’ils devenaient des ambassadeurs des initiatives de la France industrielle ? De nos jours, avec les réseaux sociaux, que coûtent un « like » ou un partage ?
Et Philibert VARENNE poursuit : « Par exemple, au Printemps prochain, nous allons diffuser une campagne d’information « LOCAL ou LOWCOST », destinée à illustrer les différences de conditions de travail en France et dans les pays pratiquant des politiques LOWCOST. L’objectif est de sensibiliser le consommateur sur le fait que chacun de ses achats a des conséquences, le plus souvent humaines.

Alors on vous le propose avec beaucoup d’attente : et si, vous, Mesdames, Messieurs les Députés, vous relayiez cette campagne d’information ? »

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