Philibert et Virginie VARENNE fêtent leurs 15 ans à La Maison des Canuts

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Catherine Aubertin
Catherine Aubertin

15 ans à la barre de la Maison des Canuts, ça se fête !

À la fois lieu d’interprétation du patrimoine, boutique et atelier de tissage, la Maison des Canuts a fêté son 15° anniversaire en novembre dernier. L’adresse, unique à Lyon, est engagée dans le label France terre textile depuis sa création en 2016.

Virginie Varenne revient sur l’histoire de la Maison des Canuts et les temps forts de ces 15 dernières années. L’occasion également d’aborder la création récente de leur marque Philéone et les projets futurs …

Revenons ensemble sur l’histoire de la Maison des Canuts :

Si elle fête cette année son 15° anniversaire, l’histoire de la Maison des Canuts est bien plus ancienne puisqu’elle est née dans les années 60. À l’époque, c’était une coopérative de tissage fermée au public.

Dans les années 70, suite à une importante commande pour le projet de reconstruction de la chambre du roi à Versailles par les maisons de soieries Prelle et Tassinari & Chatel, on observe un début d’intérêt pour la technique de tissage de la part du grand public. C’est de cet intérêt que naît la Maison des Canuts telle qu’on la connaît aujourd’hui.

En 2003, la Maison dépose le bilan : c’était sans compter l’attachement des Lyonnais à la filière textile et les 7000 signatures récoltées pour ne pas laisser mourir l’endroit.

Un appel à projets est lancé par la Ville de Lyon et la Mairie du 4e qui rachètent les machines et cherchent un repreneur pour les lieux. Neuf sociétés textiles se présentent, parmi lesquelles Philibert et Virginie Varenne : « Nous avons remporté l’appel d’offres, avons racheté le fond de commerce et la maison des Canuts a réouvert il y a 15 ans, en 2004 ».

Quels ont été les temps forts de ces quinze dernières années ?

Pendant les 4 années qui ont suivi sa réouverture, il a fallu apprendre à tisser sur les métiers à bras de la Maison des Canuts et les rénover. Pour Philibert et Virginie Varenne, qui étaient eux même fabricants d’écharpes, le challenge a également été de prendre en main tout l’aspect de médiation culturelle du métier : « On s’approprie l’histoire, on crée les visites, il a fallu aussi découvrir ce métier duquel nous ne sommes pas issus, ça a été une grande découverte ».

Des travaux de rénovation de 2008 à 2009 ont permis de doubler la surface du lieu et de l’embellir. En parallèle, une meilleure ouvrière de France en tissage à bras a intégré l’équipe et a permis de prendre de nombreuses commandes, notamment pour la maison Tassinari & Chatel.

Après le départ de cette dame en 2015, il a fallu trouver une nouvelle activité en complément des visites commentées et de la boutique. Philibert et Virginie Varenne ont souhaité renouer avec leur ancien métier :

« On est revenu à notre coeur de métier : fabricants d’écharpes et de foulards. Nous étions fabricants pour de grandes marques à l’image de Dior, Chanel et Lanvin. Nous nous sommes dit : pourquoi ne pas le faire pour nous ? On va créer notre marque. »

Un challenge compliqué : « Historiquement, à Lyon nous sommes les ateliers pour les maisons parisiennes. Tout à coup, il a fallu passer de l’autre côté de l’affiche et adopter un côté plus « mode », trouver une histoire et une identité qui nous ressemblent. Finalement nous en sommes arrivés à Philéone. »

L’histoire de la marque Philéone …

• Marque Lyonnaise

Le mot Philéone est issu du nom grec philotimo, qui exprime la fierté, l’honneur de la famille, de la communauté et de la « bonne chose ».

Issue de 5 générations de passionnés du textile, Philéone incarne la fierté de l’histoire de la soierie lyonnaise, ainsi qu’une qualité éthique et environnementale pour les produits qui portent son nom.

La marque Philéone, née cette année, s’inscrit dans une vraie tendance et dans une volonté de sensibilisation sur l’impact de l’industrie textile.

 « Dans tous les débats écologiques urgents, s’il y a un dossier qu’il ne faut pas lâcher c’est le textile. De la même manière que l’on change notre manière de nous alimenter, il faut changer notre façon de s’habiller : on ne peut pas vivre tout nu et sans manger, ce sont là les deux enjeux environnementaux de base. »

Si le vintage et le recyclage sont de bonnes alternatives, il faut, comme le souligne Virginie Varenne, que le produit à sa naissance ait été fabriqué dans des normes écologiques et sociétales respectables.

La volonté de Philéone est de se situer à la naissance de ce produit et de porter ces valeurs aujourd’hui : « Ce produit, au départ quand il naît, il a été fabriqué avec amour et soin. »

Et la suite ?

Pour Virginie Varenne, Philéone et la Maison des Canuts resteront idéalement dans la famille : « Une de nos filles est dans le domaine graphique, elle nous aide et nous accompagne et on espère qu’elle prendra le flambeau de la marque afin que cela reste une histoire familiale »

En concordance avec la marque Philéone, la Maison des Canuts est actuellement en train de créer une visite commentée à destination des publics des collèges et lycées. Le sujet : l’empreinte carbone de la filière textile.

« Je pense qu’on a un outil pédagogique ‘militant’ hyper important. La culture textile a disparu très rapidement mais reste dans les mémoires : il faut la dépoussiérer. Aujourd’hui, la jeunesse s’empare de cet enjeu planétaire et est prête à changer ses modes de consommation. Je le vois avec les collèges/lycées auprès desquels j’interviens. Les jeunes réagissent et s’intéressent à la traçabilité des produits. »

Continuer d’être « militants constructifs » et passer le flambeau : c’est l’avenir de la Maison des Canuts.

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